Nos talents ont la parole
Caroline Ophélie, scénariste
Caroline Ophélie, scénariste, fait de sa passion pour l’écriture son métier et collabore avec Darklight Content sur différents projets. Découvrez dans cet interview, son parcours en tant que scénariste, ce qui l’attire dans le genre horrifique ou encore son film d’horreur préféré et surtout pourquoi !
Quel est votre parcours en tant que scénariste ?
Initialement monteuse (TV, documentaire), j’ai mis le pied dans la porte grâce à un concept de série originale qui m’a valu d’obtenir le FAIA du CNC ainsi qu’une sélection au Valence Festival.
Par la suite, j’ai suivi au CEEA la formation courte « Le Policier en 52’ » afin de professionnaliser mon écriture, puis, j’ai intégré l’Atelier Scénario de la Fémis qui m’a permis d’obtenir un diplôme tout en développant un premier long-métrage.
Mais ce qui m’a véritablement donné le sentiment d’être légitime dans le métier, c’est lorsque pour la première fois une productrice m’a donné carte blanche pour développer un projet de fiction alors que je n’avais pas encore d’expérience.
Qu’est ce qui vous attire dans le genre horrifique ?
Le fait que ce soit un cinéma que je ne regarde jamais par plaisir ! Je pense que pour renouveler régulièrement son écriture, il faut être capable de regarder en face les images tapies au fond de soi qui sont laides, qui font peur, et qu’on maintient dans l’ombre. C’est en quelque sorte le matériau de base qui va nourrir la création, c’est le « nigredo » qu’on doit transformer en or.
Le genre horrifique, plus qu’un autre genre, impose ce travail psychologique en amont, et j’aime ça. Pour moi, il est la forme moderne des contes populaires immémoriaux qui, à y regarder de plus près, sont cruels, monstrueux, voire gore.
Parlez-nous de votre projet avec Darklight ?
J’ai travaillé avec Jacques Kluger sur différents projets. Pour moi, c’est chaque fois le 5 étoiles de l’écriture ! Jacques nous confie une idée ou un livre à adapter, et en dépit des contraintes inhérentes à tout projet (le format, les injonctions du diffuseur, etc.), il a le don de créer toutes les conditions pour faire jaillir les idées, nourrir l’entrain, pousser l’écriture sans heurt et pour le meilleur. Il a un respect pour l’auteur, une bienveillance et une écoute qui sont des qualités de producteur-showrunner trop rares pour ne pas être mentionnées.
Pour Urbex Horror, il est venu avec le concept et une ligne narrative pour chaque épisode. Nous étions deux scénaristes — David Bourgie et moi-même — chacun ayant quatre épisodes à écrire à partir de cette matrice qui est à la fois tout (un concept, c’est un peu comme les fondations d’une maison) et tout à faire. Face à certaines limites qui émergent inévitablement en cours d’écriture, Jacques sait faire preuve chaque fois de souplesse face à nos propositions, prenant sur lui la responsabilité de convaincre le diffuseur de leur pertinence. Et ça, c’est du pain béni pour un scénariste.
Quel est votre film d’horreur favori et pourquoi ?
Je vais être affreusement classique dans ma réponse : pour moi, c’est Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. Non seulement pour la métaphore bouchère qu’il file d’une société américaine des années 70 enlisée dans le conflit au Vietnam, mais surtout pour la séquence virtuose du dernier repas de Sally avec Leatherface, son frère et leur grand-père. Face à leurs visages difformes, ridés ou momifiés de peau humaine, la caméra se met elle-même à délirer. L’horreur dépasse le visible dans cette scène : c’est la folie des assassins qui devient contagieuse, et c’est pour moi plus puissant qu’une scène de charcutage humain en bonne et due forme.